Documenter et décrire les langues d’Asie : histoire et épistémologie
26, 27, 28 janvier 2022
Maison de la Recherche de l’INALCO, Paris
Sous la responsabilité scientifique de la SHESL, HTL, ICT et Pays germaniques
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Ce colloque propose d’aborder, d’un point de vue historique et/ou épistémologique, les activités de documentation et de description des langues d’Asie. « Asie » est à prendre ici dans l’acception large que lui donne la Société asiatique, c’est-à-dire en tant que désignant une zone allant du Maghreb à l’Extrême-Orient.
Par « activités de documentation et de description des langues d’Asie » nous entendons :
– d’une part, la collecte de données linguistiques, sous toutes ses formes (listes de mots, constitution d’archives, de fonds, « linguistic survey », questionnaires, enregistrements audio et/ou vidéo, corpus, bases de données, etc.) ;
– d’autre part, l’élaboration d’outils permettant de représenter, en synchronie ou en diachronie, une langue : systèmes d’écriture, grammaires, dictionnaires monolingues, lexiques, instruments de traduction (par ex. les dictionnaires bi- ou trilingues), manuels, traités de poétique, de rhétorique, etc.
Toute connaissance relative aux langues d’Asie sera envisagée comme une réalité historique, c’est-à-dire comme un acte de savoir mis en œuvre par des instances ancrées dans un « ici », un « maintenant », un « horizon de rétrospection » voire un « horizon de projection » (Auroux 1989 : 13). Il sera donc question d’étudier les formes diverses qu’ont revêtues, dans le temps, le savoir linguistique et les pratiques de documentation relatifs aux langues d’Asie, de même que les évolutions ou transformations de ces formes, et ce, dans une perspective fondamentalement réflexive.
Dans ce cadre, le colloque accueillera des communications portant sur :
– les « acteurs » de la documentation/description des langues d’Asie (et leur environnement culturel), qu’il s’agisse de personnes (lettrés/savants d’Asie, missionnaires, orientalistes, philologues, grammairiens, linguistes, traducteurs, etc.) ou d’institutions (Fort William College de Calcutta, etc.) ;
– les projets ou entreprises liés à la documentation/description des langues d’Asie : fondation d’institutions (sociétés asiatiques de différents pays occidentaux, congrès, Instituts français au Proche et Moyen-Orient, etc.), réalisation de projets à grande échelle (comme le Linguistic Survey of India) ;
– les méthodes et stratégies mises en œuvre dans l’apprentissage des langues orientales : interactions avec les lettrés locaux, appui sur les traditions savantes asiatiques, mythe et réalité des démarches « autodidactes » de savants européens, accès au matériel permettant la connaissance des langues (collections de manuscrits et leur circulation, bibliothèques…) ; appui sur une langue asiatique déjà connue pour accéder à une autre (par ex. mandchou et chinois, chinois et japonais, sanskrit et persan) ;
– les arrière-plans théoriques de la documentation/description des langues d’Asie : recours à des catégories descriptives occidentales ou incorporation dans les travaux européens de catégories « indigènes » ; extension du modèle gréco-latin aux langues asiatiques ou d’une langue asiatique vers d’autres (phénomène des « grammaires étendues », cf. Auroux 1989 et 1994, Aussant 2017, Guillaume 2020) ; stratégies adoptées face aux phénomènes difficiles à traiter, points aveugles des descriptions, etc. ;
– les méthodologies de la documentation/description des langues d’Asie : les différents types de grammaires/dictionnaires/manuels, transcription, traduction, annotation, etc. ;
– les objectifs de la documentation/description des langues d’Asie : institution d’une langue, organisation et régulation d’une langue littéraire, développement d’une politique d’expansion linguistique à usage interne ou externe, apprentissage d’une langue, recensement, cartographie, préservation de langues en danger, intérêt culturel, etc. ;
– les outils et modalités de la transmission des savoirs relatifs aux langues d’Asie (usages didactiques et pratiques concrètes d’enseignement : traduction interlinéaire, répétition, etc.).
Ce colloque proposera donc de mettre au cœur des réflexions une analyse fine du savoir linguistique produit, dans et hors d’Europe, sur les langues asiatiques, tout en étant attentif à l’importance des contextes de production et de circulation de ces savoirs. Il s’agira ainsi de préciser la manière dont les savoirs sont conditionnés, plus ou moins directement, par les identités complexes des acteurs et des institutions au sein desquelles ils sont élaborés. Et d’interroger par conséquent la catégorie même de « langue asiatique », en Asie/Orient (y existe-t-elle ?), et en Europe, notamment à travers la catégorie omniprésente de « langues orientales », dont les différentes déclinaisons pourront être envisagées (langues de l’exégèse biblique, langues de la diplomatie et du commerce, etc.).
Références
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