Présentation : La disciplinarisation des savoirs linguistiques. Histoire et épistémologie


Dossiers d’HEL n°5
La disciplinarisation des savoirs linguistiques. Histoire et épistémologie
Numéro dirigé par Jean-Louis Chiss, Dan Savatovsky, Danielle Candel et Jacqueline Léon
© SHESL 2012


Actes du Colloque SHESL-HTL 2010, 29 et 30 janvier 2010, Paris

Présentation

Ce numéro est consacré à la disciplinarisation des savoirs linguistiques, au XIXe et au XXe siècle en particulier, sans exclure cependant des périodes plus anciennes ni la mise en perspective comparative de diverses traditions grammaticales. Par disciplinarisation, on comprend non seulement tout ce qui touche aux conditions et aux formes sous lesquelles se sont stabilisés et transmis les savoirs linguistiques (constitution d’écoles ou de traditions, création de chaires universitaires, de revues spécialisées, de laboratoires, de sociétés savantes, organisation de congrès, etc.), mais aussi ce qui a trait à leur diffusion en dehors de la sphère savante et à leurs « applications » techniques ou sociales. Au confluent des processus de diffusion et d’application, il faut compter au premier chef la didactisation des savoirs de la langue, leur projection dans le champ de l’enseignement, aussi bien primaire et secondaire que supérieur. De façon générale, à côté d’études de type monographique, ont été suscitées des contributions d’ordre épistémologique et historique sur le sens et la validité de la notion même d’application, telle qu’elle a été et telle qu’elle est encore en usage dans les théories du langage.

Parmi les axes directeurs figuraient en effet :

– L’organisation du champ des recherches linguistiques dans différents pays ou sphères culturelles et à différents moments (mouvements de pensée, inscription dans des traditions religieuses et philosophiques, constitution de domaines techniques, modes de légitimation universitaires, organisation des cursus d’enseignement supérieur et – pour l’époque contemporaine – structuration des programmes de recherche et des laboratoires, modalités de recrutement des enseignants et des chercheurs en linguistique, etc.). À quoi l’on peut ajouter, parmi les autres facteurs importants de disciplinarisation, l’histoire réflexive de la linguistique, telle que les linguistes et les grammairiens eux-mêmes ont pu l’élaborer à diverses époques et qui est l’un des modes d’accès à la légitimité de la discipline ou de tel ou tel de ses paradigmes ou de ses écoles.

– Les aspects institutionnels, politiques et sociaux de la professionnalisation de la linguistique, parmi lesquels on fait un sort particulier aux principaux domaines d’expertise des linguistes en dehors de la recherche fondamentale (politiques et aménagements linguistiques, politiques éducatives, création et développement des « métiers de la langue », etc.) ainsi qu’aux modalités proprement techniques des applications de la linguistique, en matière de traduction automatique, de dialogue homme/machine, de TAL, etc., pour ce qui est de l’époque contemporaine.

– Une réflexion d’ordre historique et épistémologique sur la notion même d’application de la linguistique et, s’agissant de l’enseignement (langues maternelles et/ou langues étrangères), sur l’applicationnisme – question qui a été largement débattue dans les années 1980-90 et qu’il paraît utile de poser à nouveaux frais.

– L’étude des effets en retour de la demande sociale sur les programmes de recherche linguistique, notamment – mais pas exclusivement – quand la demande émane de l’enseignement.

Les actes que nous présentons ici s’organisent selon les trois thèmes suivants :

A – Disciplinarisation de la linguistique et diversité des domaines

B – Les savoirs linguistiques : frontières disciplinaires et institutions (traditions, écoles, chaires, revues)

C – La didactisation des savoirs linguistiques

Société d'histoire et d'épistémologie des sciences du langage